Ancienne interprète de William Forsythe, Prue Lang développe son propre travail chorégraphique sous une forme originale et délicate. Concernée par l’environnement, l’artiste nous interpelle plus spécifiquement sur la question de la production d’énergie.

« Il n’y a qu’un seul élément de l’espace : le mouvement. » Cette définition de l’architecte et designer Frederick Kiesler donne d’emblée l’idée des recherches entreprises par Prue Lang. Ex-interprète et chorégraphe au sein de la célèbre compagnie de William Forsythe, l’artiste australienne a initié, en 2008, une démarche singulière. Dans Un réseau translucide, elle proposait « d’explorer un nouveau format de spectacle en intégrant des questions environnementales à la scène ». Cette pièce récupérait notamment sa propre énergie pour le son et les lumières. Première chorégraphe prônant une danse « verte » – ou la production d’éco-gestes au théâtre –, Prue Lang a investi son langage artistique du côté de l’expérimentation. Pour Timeproject, elle a développé un prototype de chaussures, grâce auxquelles l’énergie des danseurs est récoltée afin de produire de l’électricité. Dans cette pièce, la chorégraphe se consacre d’abord à l’analyse du temps, notamment dans sa relation à l’action. Telle une matière avec sa malléabilité, son élasticité, ce partenaire souvent méconnu de l’espace est le point d’origine de cette création où la chorégraphie se meut en système. Tel un lancer de dés, les actions déterminent la durée : le jeu transforme la danse et l’interprétation et les questionne à la fois. Car si le temps peut être considéré comme une donnée quantifiable, sa perception reste subjective et impalpable, notamment au théâtre, explique Prue Lang. Timeproject enquête sur ce mystère.

Irène Filiberti