Paris Critiques

José Manuel Gonçalves est au moins un directeur de scène nationale qui ne se contente pas des vieilles formules d’abonnements, et d’une programmation de goût moyen uniforme. Dès que l’on pénètre dans l’enceinte de cette ancienne ferme des chocolats Poulain, on est saisi par l’atmosphère de culture vivante. On n’est pas dans le compassé, on n’est pas dans un funérarium, on est dans un lieu vivant. Cela se sent tout de suite.Temps d’image s’annonce comme un laboratoire des arts. Cela est initié par Arte et la ferme du Buisson, et cela a lieu dans huit pays d’Europe et même au Canada. Ce qui est curieux, c’est que ce n’est absolument pas l’ambiance frelatée de l’Avignon 2005. On a droit ici à des réelles recherches d’artistes qui même non abouties vous ouvrent l’appétit.
Je ne vois que 3 spectacles sur une vingtaine de propositions, puisque je ne peux être présent que cette fin d’après midi du 8 octobre:
La fleur de peau. Prue Lang, Mathieu Briand- On doit revêtir une combinaison blanche, être nu- pieds, et porter un masque. On est introduit dans une salle remplie de talc (4 tonnes). Sensation de douceur sous la plante des pieds. Les 40 personnes du public sont disposées sur les 3 côtés de la salle. Dès que l’on bouge, un léger nuage de talc s’élève au dessus du sol. Lumière violette rasante. Un couple, dont une danseuse de Forsythe, vont bouger très lentement au fond de l’arène. C’est amoureux, intime et très doux. On plane. L’imagination est à la fête. Cela ne dure qu’une demie heure. On ne voit pas tout, on devine les formes, la danseuse a la seins a l’air, mais en suis- je vraiment sûr, c’est sans importance.
L’aube d’un tortionnaire Théâtre clandestine -Une tentative de reproduire sur scène l’expérience de Stanley Milgram. (Montrer comment n’importe qui peut devenir tortionnaire à partir d’une expérience où l’on doit envoyer des décharges électriques de plus en plus forte à un individu). L’équipe est italienne. Un commentaire nous raconte qu’Eichmann était tout sauf un monstre, or il a commis des choses monstrueuses. Le spectacle commence très mollement avec de la musique techno et de la vidéo, au bout de 20 minutes, on voit enfin la fausse chambre de tortures. Malheureusement, cela n’avance toujours pas. Tentative avortée. Dommage.
Tout vu. Transquinquennal. Jan Hammenecker -Un spectacle sur la télévision, par une équipe de belges bien décapante. Le spectacle n’en est qu’à sa seconde représentation, donc il est encore trop foisonnant, mais la première demi-heure sous forme de conférence est un bonheur. Ensuite, cela traine en longueur, et à partir du moment où un jeu se fait avec 24 téléviseurs, cela devient ennuyeux comme de la télé. Mais potentiellement, il y a à attendre de cette équipe. (Jacques Livchine)